L’aristocratie franque du VIᵉ siècle

Les sépultures de Saint-Dizier présentent toutes les caractéristiques qui permettent de les rattacher à des tombes dites de chefs francs du début du VIe siècle. 

La Gaule vers l’avènement de Clovis (481-482)

Les sépultures de Saint-Dizier présentent toutes les caractéristiques qui permettent de les rattacher à des tombes dites de chefs francs du début du VIe siècle. Celles-ci, découvertes entre la Seine et le Rhin et entre les cours supérieurs du Rhin et du Danube, se distinguent par la présence d’armes de prestige, de bijoux et d’objets de vaisselle d’un même horizon chronoculturel, par une architecture funéraire élaborée et une disposition presque standardisée des objets, traduisant la volonté de montrer l’appartenance du défunt à un groupe social bien défini.

La Gaule à la mort de Clovis (481-482) et la poursuite de l’expansion franque.

Les toutes premières tombes de ce type occupent le centre du royaume franc alors que les suivantes – au nombre desquelles comptent celles de Saint-Dizier – sont situées sur les marges. Leur rôle militaire et stratégique ne semble faire aucun doute : pour consolider sa conquête, Clovis puis ses descendants durent fixer une élite guerrière, s’assurant ainsi le contrôle sur des terres nouvellement conquises. La répartition des tombes de chefs du VIe siècle reflète l’expansion franque. Rappelons qu’au début du VIe siècle, c’est entre Langres et Saint-Dizier que passe la frontière entre les royaumes francs et la Bourgogne, sur laquelle les rois francs avaient des visées conquérantes. Les Burgondes furent définitivement conquis en 534, après une première incursion en 523. 

 

Pourquoi des « chefs » ici ? Au VIe siècle Saint-Dizier n’existe pas encore et si le lieu est déjà habité, il ne revêt aucune importance particulière : ce n’est ni un chef-lieu de cité, ni une agglomération secondaire. Cependant à quelques centaines de mètres des tombes, se trouvent les vestiges de la villa dite des Crassés. Ces guerriers ont vraisemblablement été attirés par la présence de ce domaine agricole, dont une partie existait sans doute encore au VIe siècle. Par ailleurs, la présence de minerai de fer dans les environs a pu également être un élément d’attrait. Des fouilles archéologiques réalisées à proximité immédiate dans les années 1990 ont révélé que le minerai avait été exploité à cet endroit au moins à partir du VIIIe siècle, mais rien n’empêche qu’il ait été extrait plus tôt. La présence d’une élite guerrière peut résulter d’une volonté de posséder cette richesse de première importance, puisqu’à cette époque, beaucoup d’armes et d’objets utilitaires sont en fer.