Boîte à outils

C’est à partir des outils en pierre, témoins privilégiés des époques préhistoriques, que les préhistoriens définissent les différentes cultures développées par nos ancêtres. L’outillage de Néandertal, confectionné à partir d’une grande variété de roches dures, révèle ses remarquables qualités d’artisan.

Approvisionnement local

Les Néandertaliens fabriquaient leurs outils à partir des matériaux disponibles localement : silex dans le nord de la France, le Bassin parisien ou la Bourgogne, quartzites dans les Pyrénées, basalte en Auvergne, dolérite en Bretagne, etc. Ils organisaient leur approvisionnement au sein de leur territoire, repérant les gîtes (affleurements géologiques) de bonne qualité où ils pouvaient revenir souvent.

Techniques de débitage

Techniques de débitage

Néandertal a poursuivi, comme ses prédécesseurs, le façonnage direct des blocs de roche pour créer des outils finis, des bifaces notamment. Mais surtout, il a développé des techniques d’obtention d’éclats en pierre, la plus utilisée étant le débitage Levallois, apparu vers 300 000 ans. Il repose sur la préparation de nucléus, des blocs de matière première taillés de manière complexe pour obtenir l’éclat recherché. Néandertal a également mis en œuvre, selon les périodes et les régions, d’autres techniques, telles que le débitage laminaire, le débitage discoïde ou encore le débitage Quina.

Pour quoi faire ?

Biface datant du Paléolithique moyen récent (entre 100 000 et 40 000 ans )

Ce beau biface datant du Paléolithique moyen récent (entre 100 000 et 40 000 ans) a été mis au jour sur le site de Château-Gaillard à Fontenay-sur-Vègre (Sarthe) en 2012.

Utilisés tels quels, les éclats, lames et pointes obtenus pouvaient également être retouchés pour raviver ou renforcer le tranchant, produisant des racloirs, grattoirs, perçoirs ou autres pointes de projectiles. Ces outils, bien souvent emmanchés, servaient à différentes tâches : le racloir était adapté à la désarticulation du gibier, mais aussi au traitement des peaux ; une pointe Levallois pouvait constituer une arme de chasse, mais aussi être utilisée en boucherie. Modifié à plusieurs reprises, un même outil pouvait remplir diverses fonctions.  

L’os et le bois

Très peu d’outils en os ont été mis au jour sur les sites néandertaliens, au point de laisser penser que ce matériau était peut-être frappé d’un tabou. Or, en 2013, des recherches conduites dans les abris Peyrony et du Pech-de-l’Azé I, en Dordogne, ont mis au jour des lissoirs en os datés de plus de 50 000 ans. Façonnés sur des côtes de cerf, ils avaient servi à travailler la peau. Enfin, les outils en bois devaient occuper une bonne place. Mais, pour des raisons de conservation, ils ont disparu, sauf très rares exceptions, comme à Lehringen, en Allemagne, où une lance en if datée d’environ 120 000 ans a été retrouvée.

À (ré)écouter

Découvrez ici l’émission « Le Salon noir » de Vincent Charpentier consacrée au site de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), où ont été mis au jour des dizaines de bifaces de la fin du Paléolithique moyen.