L’occupation du territoire

La gestion du territoire représentait un enjeu primordial pour Néandertal, puisque ses ressources en dépendaient. Il a su mettre en œuvre diverses stratégies pour assurer sa subsistance, qui révèlent sa parfaite adaptation aux milieux variés dans lesquels il a vécu.

L’Europe et au-delà

Si l’homme de Néandertal a essentiellement vécu dans la péninsule eurasienne, son territoire, à certaines périodes, s’est étendu au-delà. On retrouve ainsi des traces de populations néandertaliennes de l’Atlantique à l’Altaï (Sibérie), et de la Pologne à Israël, et jusqu’au nord de l’Irak (site de Shanidar).

À (ré)écouter

Découvrez l’émission du « Salon noir » de Vincent Charpentier consacré aux recherches de Ludovic Slimak (CNRS) sur la présence d’outils moustériens près du cercle polaire.

L’exploitation raisonnée des écosystèmes

Chasseurs-cueilleurs, les hommes de Néandertal étaient contraints au nomadisme pour subsister. Il s’agissait pour eux d’exploiter un ou plusieurs écosystèmes, d’une part pour se fournir en matières lithiques et fabriquer leurs outils, d’autre part pour acquérir leur nourriture par la chasse, la pêche et la cueillette. Cette exploitation passait par diverses stratégies d’occupation du territoire. Un groupe pouvait choisir d’installer sa résidence principale là où se trouvaient les ressources et déplaçait son campement quand les trajets quotidiens pour acquérir ces ressources n’étaient plus rentables. Les chasseurs-cueilleurs pouvaient également choisir un camp de base relativement fixe, alimenté en ressources par des camps satellites où séjournait temporairement une partie du groupe. Les groupes passaient probablement d’une stratégie à l’autre en fonction de divers paramètres, tels que la saisonnalité de prédation. 

Le cas de Saint-Illiers

Le site de Saint-Illiers-la-Ville présente des niveaux géologiques et archéol

Le site de Saint-Illiers-la-Ville présente des niveaux géologiques et archéologiques de 400 000 ans à nos jours.

Le site de Saint-Illiers-la-Ville, dans les Yvelines, fouillé en 2008, est un des rares gisements d’Europe du Nord permettant d’étudier l’évolution environnementale et culturelle des Pré-Néandertaliens et des Néandertaliens entre 400 000 et 35 000 ans. Seul le silex est conservé dans ce milieu, mais sa présence dans les différents niveaux permet d’étudier l’évolution de l’outillage, celle des connaissances techniques et la transmission des savoirs de ces groupes humains. Un de ces savoirs est celui des lieux d’acquisition de matières premières siliceuses pour produire de l’outillage. Ces informations permettent de dépasser le site archéologique pour le relier à d’autres points géographiques, et ainsi passer d’un site isolé à une partie du territoire des groupes. À Saint-Illiers-la-Ville, les matières premières sont moins nombreuses et plus diversifiées pour les périodes anciennes, certaines provenant de la Seine sous forme de galets alluviaux. La disparition de certaines matières dans les niveaux suivants suggère une réduction des territoires d’acquisition des ressources minérales au cours du temps, alors que traditionnellement l’inverse est constaté. Ce paradoxe montre des comportements humains non linéaires, liés à différents paramètres techniques et sociaux.