L'urbanisation à la romaine

Le maillage mis en place par l’administration romaine au Haut-Empire a marqué un mouvement d’urbanisation sans précédent de la Gaule, même s’il s’appuyait pour une large part sur le réseau antérieur des villes gauloises.

Le découpage du territoire

Le découpage du territoire

Carte de la Gaule divisée en quatre provinces par Auguste vers 15-16 avant notre ère.

L’organisation par l’État romain du territoire gaulois remonte à l’empereur Auguste qui décida, en 15-16 avant notre ère, de la création des Trois Gaules : Belgique, Aquitaine, Lyonnaise. La Transalpine devenait, quant à elle, la Narbonnaise. Chaque province était placée sous la responsabilité d’un gouverneur qui siégeait dans sa capitale : Narbonne pour la Narbonnaise, Reims pour la Belgique, Lyon pour la Lyonnaise, Saintes puis Bordeaux pour l’Aquitaine. Les provinces furent elles-mêmes divisées en cités, en référence au modèle méditerranéen de la ville qui administre un territoire donné. En réalité, les cités romaines ont repris la plupart du temps les cadres territoriaux des peuples autochtones. Cellule de base de l’administration de l’Empire romain en constitution, la cité était contrôlée par un chef-lieu, ancien oppidum (par exemple, Nîmes, Arles, Poitiers, Bourges, Besançon ou Metz) ou ville neuve (par exemple, Périgueux ou Autun). La restructuration du réseau routier et fluvial a également influencé l’organisation du réseau des agglomérations secondaires, avec de nombreuses créations dans les Trois Gaules. Ces petites villes possédaient souvent une spécialité artisanale, comme la poterie à La Graufesenque (Aveyron) ou la métallurgie à Alésia (Côte-d’Or).

La parure monumentale

La parure monumentale

Un aqueduc du Ier-IIe siècle de notre ère en cours de fouille à Famars, l’antique Fanum Martis, ville gallo-romaine secondaire située entre les voies Bavay-Cambrai et Bavay-Tournai.

Sous l’impulsion de Rome, mais aussi des élites gauloises ralliées à Rome, les chefs-lieux de cité se dotèrent d’une parure monumentale (temples – dédiés notamment au culte impérial –, forum, édifices de spectacle, thermes) porteuse des valeurs de la civilisation romaine. Un nouveau paysage urbain émergeait par l’aménagement d’une trame urbaine régulière et par la gestion collective de l’eau, avec la création des aqueducs, des fontaines et des égouts. L’archéologie permet néanmoins de nuancer ce tableau et de souligner combien les différences sont perceptibles d’un territoire à l’autre, notamment dans les rythmes d’urbanisation.

Les constructions privées

Les constructions privées

Vue aérienne d’un quartier du Ier siècle avant notre ère à Nîmes (Gard). L’urbanisation de la partie sud-ouest de la ville romaine intervient dès le règne d’Auguste, au moment où Nîmes se dote d’une parure monumentale (le bâtiment en élévation étant la maison Carrée).

Les fouilles de ces vingt dernières années ont permis de renouveler nos connaissances des quartiers des villes gallo-romaines. Des rues entières, avec leurs habitations, leurs commerces et leurs ateliers, ont pu être étudiées. Dans l’ensemble, il existait une étroite imbrication des activités et des formes d’habitation, même s’il existait parfois aussi des quartiers spécialisés dans un type d’artisanat, notamment en périphérie. Les habitations les plus modestes présentaient en général un plan compact avec quelques pièces aménagées autour d’une cour ou bien une forme rectangulaire ouverte sur la rue, parfois par le biais d’un portique. Les maisons des notables, quant à elles, révélaient leur adoption du mode de vie romain à travers le modèle de la maison à atrium (petite cour à ciel ouvert), surtout en Narbonnaise ou à Lyon, ou à travers le modèle de la domus à péristyle. Jardins, enduits peints et stucs, sols en béton ou en mosaïque embellissaient les demeures des élites. Les techniques de construction mises en œuvre variaient en fonction du territoire et de la richesse du propriétaire. L’usage de la pierre et du mortier, typiquement romain, était plus courant en Narbonnaise ou pour les riches demeures, tandis que les techniques traditionnelles (clayonnage, pan ou ossature de bois avec terre) restaient largement exploitées dans les Trois Gaules.

Pour aller plus loin

Découvrez le reportage consacré aux fouilles conduites par l’Inrap à Nîmes (Gard) en 2006-2007 dans le quartier de l’avenue Jean-Jaurès. Elles ont permis d’appréhender les phases d’urbanisation de ce secteur de la ville antique.