À la ferme

Les centaines de fermes fouillées ces vingt dernières années ont totalement renouvelé nos connaissances des campagnes à la période gauloise. Gardant à l’esprit qu’il existe une grande variété dans la morphologie des établissements ruraux, dressons le portrait-robot d’une ferme gauloise traditionnelle.

L'organisation générale du domaine

L'organisation générale du domaine

Plan général d’une ferme gauloise du IIe-Ier siècle avant notre ère mise au jour à Vitré (Ille-et-Vilaine) en 2006.

Une ferme gauloise comprenait habituellement un espace principal délimité par un talus bordé de fossés, à l’intérieur duquel se trouvaient la maison d’habitation et des bâtiments abritant des activités domestiques, artisanales et agropastorales. Les dimensions de l’enclos et la taille des fossés révélaient la richesse du propriétaire. Autour de l’enclos se développaient les espaces agricoles liés aux cultures et à l’élevage, ainsi que d’éventuels espaces annexes dédiés à des activités spécialisées (parcage des animaux, par exemple). Le parcellaire gaulois a fortement marqué le paysage de notre territoire.

La maison d'habitation

La maison d'habitation

Proposition de restitution de la ferme de La Hubertière, à Corps-Nuds (Ille-et-Vilaine). Neuf bâtiments, habitation et annexes, s’élevaient au sein d’un enclos de 1 700 m2.

À partir des matériaux à leur disposition, les Gaulois construisaient des maisons adaptées à leur environnement. L’archéologie met au jour une architecture raisonnée et différente d'une région à l'autre. 
Au nord, les maisons étaient majoritairement bâties en bois et en terre. Des poteaux plantés dans le sol, généralement en chêne, soutenaient la toiture. Les murs se composaient de planches ou de branches souples entrecroisées sur lesquelles était appliqué du torchis. Le chaume, le roseau, le genêt ou des planchettes de bois constituaient la couverture. Le bois représentait une matière première essentielle au mode de vie des Gaulois, qui s’en servaient pour se loger, se chauffer, se protéger ou se déplacer. Dans les régions pauvres en bois et en argile, comme le littoral breton, les maisons étaient construites en pierre, tandis que dans le sud de la Gaule, les briques de terre crue (adobe) ou la bauge (terre compactée) étaient privilégiées.

L'aménagement intérieur

L'aménagement intérieur

La plupart des maisons gauloises ne comportaient qu’une seule pièce et, parfois, un étage. Les rares ouvertures favorisaient la conservation de la chaleur, le foyer étant délimité sur le sol de terre battue par des chenets. L’absence de cheminée permettait de fumer des charcuteries. Le mobilier, en bois, en fer et en rotin, se composait de tables basses, tabourets, fauteuils, lits, coffres et paniers en nombre limité. Une étagère servait de vaisselier pour les ustensiles en terre cuite et en bois. Des peaux et des tissus pouvaient orner les murs, voire des peintures dans les maisons les plus riches.

Les annexes

Les annexes

Fouille d’un puits au sein d’une ferme gauloise du IIe-Ier siècle avant notre ère découverte à Andilly (Charente-Maritime) en 2012. Localisé dans un angle de l'établissement rural, le puits est profond d'une dizaine de mètres.

Avoisinant la maison d’habitation et placés comme elle aux abords des fossés pour dégager une vaste cour centrale, les annexes - greniers au plancher surélevé, silos, granges, étables, écuries, habitations des domestiques - assuraient le fonctionnement de l’établissement agricole. Toutes sortes d’activités artisanales pouvaient être pratiquées au sein de l’exploitation : forge, poterie, tissage, travail du bois et du cuir…