Paysages ruraux

L’archéologie, la carpologie (étude des graines), la palynologie (étude des pollens) et l’archéozoologie (étude des restes animaux) montrent que les territoires gaulois étaient non pas couverts de forêts, mais de campagnes bien entretenues et densément peuplées. 

Paysage agraire

En se développant, la technologie du fer a permis une amélioration constante du travail des terres, grâce à un outillage de plus en plus performant. Une bonne partie des régions de la Gaule a ainsi vu l’installation de centaines d’exploitations agricoles de toutes tailles, aussi bien en vallées que sur les plateaux. Des familles ont pris possession de terroirs pour les exploiter pendant plusieurs siècles. À partir du IIIe siècle avant notre ère, l’amélioration du climat a encore amplifié ce phénomène. Les paysans cultivaient intensément les sols propices à la céréaliculture (blés, orges, avoines de différentes espèces), tandis qu’ils pratiquaient l’élevage des bovidés, des porcs, des chèvres, des moutons et, dans une moindre mesure, des chevaux et des chiens. 

Paysage agraire

Au cours du IIIe siècle avant notre ère, les paysans gaulois ont graduellement adopté la monoculture sur chaque parcelle et davantage sélectionné les espèces cultivées, en privilégiant les plus rentables. C’est dans ce contexte qu’apparaissent les meules rotatives en pierre semblables à celle-ci, découverte dans la ferme gauloise de Wissous (Essonne). Leur usage, qui se généralise au cours du IIe siècle avant notre ère, permet un rendement 15 fois supérieur à celui de la meule en va-et-vient.

Écarts de richesse

Fermes et hameaux occupaient la majeure partie du territoire, mis en réseau par des routes et des chemins structurant le paysage. Les archéologues mettent en évidence des établissements ruraux de morphologie très variée. Cette diversité révèle des écarts de richesse importants et traduit une hiérarchie sociale. Les fermes sans enceinte ou les hameaux ouverts (non dotés d’une protection) représentaient l’échelon de base, tandis qu’au-dessus se trouvaient les fermes encloses plus ou moins vastes et, enfin, les imposantes fermes aristocratiques, qui dominaient des établissements gérés par des fermiers à leur service. Les différences de statuts des fermes soulignent la complexité sociale des peuples gaulois.

Écarts de richesse

Sur le site de La Hubertière, à Corps-Nuds (Ille-et-Vilaine), une fouille a mis au jour un petit établissement rural du IIe-Ier siècle avant notre ère. Il est délimité par un fossé d’enclos d’une surface de 1 700 m2. À l’intérieur, les trous de poteaux permettent de reconstituer le plan de neuf bâtiments (habitation et annexes agricoles).

Le site des Gains, à Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Vienne), a livré un habitat rural aristocratique datant du IIe-Ier siècle avant notre ère. Un enclos rectangulaire, matérialisé par un puissant fossé de 4,50 m de largeur et 2,50 m de profondeur, surmonté d’un rempart de terre et de bois, délimitait un espace de 7 200 m2. L’entrée, au centre de la façade ouest de l’enclos, était marquée par un bâtiment-porche. Sur la photo, sont visibles les traces de ce fossé et de cette entrée monumentale.

La maison du maître de l’établissement aristocratique de Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Vienne), installée au fond de l’enclos, était précédée d’une cour de 100 m2. En voici une proposition de reconstitution en 3D.