Les villages et les bourgades

Au cours des deux derniers siècles avant notre ère, des agglomérations de superficies très diverses, allant du hameau à des villes de plusieurs dizaines d’hectares, ont été construites le long des principales voies fluviales, maritimes ou terrestres de la Gaule. Elles ont accompagné le développement économique basé sur une hausse de la production agricole, le commerce et les échanges à longue distance. Passage en revue de quelques-uns de ces habitats collectifs.

Acy-Romance

Acy-Romance

Restitution hypothétique du village gaulois d'Acy-Romance extrait du site www.gaulois.ardennes.culture.fr, sous la dirrection scientifique de Bernard Lambot. Collection “Grands sites archéologiques“ - 2011 - La Forme Interactive

Fondée vers 180 avant notre ère sur un plateau dominant la vallée de l’Aisne, dans les Ardennes, le village gaulois d’Acy-Romance s’étendait sur une vingtaine d’hectares. Un tertre funéraire de l’âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant notre ère), encore bien visible dans le paysage et assimilé à une tombe de héros, semble avoir été le point de référence pour tracer le plan du village. Il se structurait autour d’une place de 3 500 m2 implantée sur la partie la plus élevée du plateau et utilisée pour les marchés, les assemblées et les banquets (moments de réunion importants dans la vie des communautés gauloises). Au nord-ouest, s’élevaient des bâtiments identifiés comme des temples et, sur les autres côtés, trois quartiers organisés autour de vastes cours. Au nord-est, près de la rivière et des pâtures, se trouvait le quartier des éleveurs ; au sud-est, celui des artisans métallurgistes ; à l’est, celui des agriculteurs. À l’intérieur de chaque quartier, des parcelles délimitées par des clôtures accueillaient une maison et ses annexes (granges, ateliers, appentis, greniers). Entre les quartiers étaient ménagés de vastes espaces vides. Un grand chemin pénétrait dans le village par le sud-est. Les cimetières étaient implantés aux alentours du village, au sein d’espaces matérialisés par des talus pour bien séparer le monde des morts de celui des vivants. Le plan régulier du village d’Acy-Romance traduit une structuration forte de la société gauloise.

La communauté gauloise d’Ymonville

La communauté gauloise d’Ymonville

Vue aérienne des vestiges du village gaulois d’Ymonville (Eure-et-Loire), occupé du Ve au Ier siècle avant notre ère.

Le site d’Ymonville, entre Chartres et Orléans, constitue une singularité par sa datation. Ce village gaulois, dont les premières traces d’occupation remontent au Ve siècle avant notre ère, a été densément peuplé aux IVe et IIIe siècles avant notre ère. Son étude offre une perception nouvelle de l’habitat et de l’organisation du territoire en Gaule centrale à cette période. Les archéologues ont mis au jour, sur 8 hectares, un vaste ensemble structuré par une enceinte et par un réseau de fossés délimitant des enclos. Les prospections aériennes indiquent que l’enceinte circulaire pourrait englober une superficie de 30 hectares. Plusieurs centaines de silos de stockage de denrées alimentaires ont également été reconnus, desquels a été exhumé un mobilier exceptionnel : parures, outils, armements... L’abondance du mobilier caractérise une longue et dense présence humaine et révèle la diversité des artisanats pratiqués sur le site : travail des métaux, de l’os, tannerie, activités agropastorales… Les pièces d’armement, mutilées, seraient liées, quant à elle, à des dépôts cultuels. Au nord, l'un des enclos accolés à l’enceinte pourrait d’ailleurs correspondre à un lieu de culte associé à la tombe d’un guerrier antérieure à l’implantation gauloise. Au sud, un ensemble de fossés découpe l'espace en une succession de modules rectangulaires, dotés d’un système de circulation complexe. L’orientation des fossés, identique au sud comme au nord du site, et les interruptions de l’enceinte suggèrent la présence d’une voirie orthonormée dès le IVe siècle avant notre ère.

Lacoste, ville-marché

Lacoste, ville-marché

Ce beau bracelet en alliage cuivreux a été découvert sur le site de Lacoste (Gironde). Il témoigne de la qualité des objets fabriqués par les habitants du bourg à l’époque gauloise.

Le site de Lacoste, dans la petite commune de Mouliets-et-Villemartin, en Gironde,  s'étend sur une trentaine d'hectares dans la basse vallée de la Dordogne. Il s’agit d’un village gaulois occupé dès le IIIe siècle avant notre ère. Non fortifié, il se trouvait près d'un carrefour de voies, à la croisée de plusieurs peuples du nord de l'Aquitaine : les Petrucores, les Nitiobroges et les Bituriges Vivisques. Autour d'un village de 4 à 5 hectares, étaient implantés des quartiers artisanaux : ateliers de potiers, de forgerons et de bronziers, voire aussi de verriers. Un réseau de petits fossés, constituant un parcellaire très régulier, délimitait des espaces destinés aux activités agropastorales. Les sols des maisons, en graviers, étaient recouverts de planchers aujourd'hui disparus. Les parois, de terre et de bois, reposaient sur des poutres sablières. À l'extérieur des habitations, existaient de nombreux dépotoirs ayant livré des tessons de céramiques, des ossements animaux, etc., et des foyers formés de plaques d'argile reposant sur des céramiques écrasées. La prospérité de la bourgade reposait essentiellement sur la production d’objets manufacturés de très grande qualité, sur le commerce et sur les échanges, parfois à longue distance.