Les habitants

Combien y avait-il d’habitants à Limonum durant l’Antiquité ? Ce nombre est quasiment impossible à estimer. Certes l’amphithéâtre pouvait accueillir plus de 20 000 personnes, mais les spectacles s’adressaient à tous les gens de la région…

On sait toutefois qu’au XVIe siècle, époque où la taille de la ville et le nombre de maisons étaient assez proches de ceux de l’Antiquité, la population urbaine comptait 16 000 personnes.

La présence des commerçants et des artisans est perçue à travers leurs ateliers et leurs boutiques. D’autres personnages, parfois importants, sont connus par des inscriptions funéraires découvertes lors de fouilles archéologiques ou dans les fondations du rempart antique. 

Marcus Sedatius Severianus

Marcus Sedatius Severianus

Deux blocs de la dédicace à Marcus Sedatius Severianus furent découverts en 1977 en réemploi dans les fondations de l’enceinte antique. Ils sont conservés au Musée Sainte-Croix de Poitiers. Cette photo a été prise lors de la découverte du bloc supérieur.

Le Picton et citoyen romain Marcus Sedatius Severianus est né entre 105 et 120. Sénateur au IIe siècle, il est promu dans les années 150 au gouvernement de la Cappadoce, où il meurt, durant l’hiver 161-162. L’écrivain Lucien de Samosate lui attribue une fin tragique : après une bataille qu’il avait perdue contre les Parthes, il se trancha la gorge avec un éclat d’une précieuse coupe de cristal qu’il avait brisée à cet effet.

À Poitiers, ville dont il était originaire, une inscription a été découverte en 1977. Elle retrace son cursus jusqu’au milieu du IIe siècle, c’est-à-dire au début de sa carrière : « À Marcus Sedatus Iulius Rufinus Severianus, fils de Caius, de la tribu Quirina, questeur de la Province de Sicile, tribun de la Plèbe […]. »

Marcus Sedatius Severianus est également mentionné par onze autres inscriptions, dont deux en Roumanie, où il fut consul, deux autres en Turquie, où il fut légat, quatre à Ostie en Italie et une en Espagne.

Trois noms pour un citoyen

Depuis la République romaine, la coutume était que tout citoyen porte trois noms (tria nomina) : un prénom, un nom et un surnom. Les tria nomina indiquent clairement l’origine romaine de certains habitants de Poitiers au Haut-Empire, tels Caius Fabius Sabinus, qui était haruspice (devin lisant l’avenir dans les entrailles des animaux sacrifiés), ou encore Tiberius Claudius Petitius, qui fit graver une dédicace à l’Empereur et Mercure.

Filles et épouses

Filles et épouses

Inscription de Claudia Varenilla : « À Claudia Varenilla, fille du consul Claudius Varenus, la cité des Pictons a donné, au nom de la collectivité, des funérailles, un emplacement, une statue et un tombeau. Marcus Censorius Paullus, son mari, légat impérial propréteur de la province d’Aquitaine, consul désigné, satisfait de l'honneur, a pris à sa charge toutes les dépenses effectuées. » Collection des musées de Poitiers.

Outre le célèbre Marcus Sedatius Severianus, quelques femmes sont connues grâce aux inscriptions de leurs stèles funéraires. On peut ainsi citer :


Claudia Varenilla, la fille du consul Claudius Varenus. Elle épousa (entre 157 et 159) le légat d'Aquitaine Marcus Censorius Paullus.


Julia Maximilla, épouse de Julius Basileus. Les deux époux appartenaient à la même famille : celle de Lucius Julius Fronto, qui était préfet des cavaliers et haut magistrat de la ville de Vienne (Isère).


Alphia Faventina, fille de Catilia et de Faventius. Son père était agent de « l’impôt du vingtième » sur l’affranchissement des esclaves (taxe que devait payer tout propriétaire qui décidait de rendre sa liberté à un esclave). Il devait être le comptable d’un Procurator (fonctionnaire impérial).

Inscription de Julia Maximilla : « Éternel adieu! Aux dieux Mânes et à la mémoire de Julia Maximilla, épouse aimante et bonne qui vécut environ 41 ans. Julius Basileus, son mari, qui appartenait comme elle à la famille de Lucius Julius Fronto du pays des Cavares, lui a fait construire [ce tombeau]. » Collection des musées de Poitiers.