Deux types d’habitat

Les premiers habitats gallo-romains utilisent beaucoup le bois et le torchis dans leurs techniques de construction. Leur façade donne sur la rue ; ils possèdent des espaces de jardins et de cultures en arrière-cour.

Au milieu du Ier siècle, deux types d’habitat se distinguent : les domus, véritables villas urbaines, et les maisons modestes.

Domus

De nombreuses domus ont été étudiées à Poitiers (sites 18, 19, 24, 26). Bâties sur le modèle méditerranéen, elles présentent en front de rue une série de pièces à vocation artisanale (entrepôts, boutiques, ateliers), certaines disposant d’une cave.

La maison elle-même couvre plusieurs centaines de mètres carrés. Elle s’organise autour d’un vaste espace intérieur ouvert, souvent occupé par un jardin et bordé d’un portique (péristyle). Une fontaine plus ou moins monumentale orne presque toujours ce jardin.

Si les murs périphériques, au moins au rez-de-chaussée, sont en pierre, les cloisons intérieures sont souvent montées en torchis sur colombage. La différence de matériaux est masquée par des enduits peints qui recouvrent les murs.

La plupart du temps, l’entrée principale ouvre sur un vestibule plus ou moins vaste, qui permet de recevoir les convives et la clientèle. Quant aux pièces privées, elles donnent directement sur le portique du péristyle.

Modestes demeures

Modestes demeures

Boutiques-ateliers d’époque gallo-romaine en cours de fouille sur l'îlot des Cordeliers (site 19) en 1998. Établies le long d'une grande rue, ces boutiques avaient une superficie comprise entre 20 et 40 m2. Elles comportaient un étage et une arrière-boutique à usage d'habitation. Les bâtiments ont été détruits par un incendie et abandonnés à la fin du IIIe siècle.

L’habitat modeste est relativement moins bien connu. On sait que dans le centre-ville, aux Cordeliers (site 19), les artisans vivaient à l’étage et dans l’arrière-boutique de leurs échoppes-ateliers.

Sur la rive droite du Clain, une petite maison du suburbium (faubourg) a récemment été étudiée (site 27). Un couloir central dessert deux petites pièces et une arrière-cour totalement close. La base des murs est en pierre, mais leur élévation adopte probablement la même association torchis-colombage que les cloisons internes. Les salles sont décorées de quelques liserés de couleur tracés sur un simple fond blanc.

Maison d’artisan du suburbium au sein du quartier de fumage de viandes (site 27). L’accès se fait par une cour principale, commune à plusieurs maisons. Un couloir au sol de béton conduit, au fond, à une cour intérieure et, sur les côtés, à deux salles dont les sols étaient également en béton. Les cloisons séparant le couloir et les salles étaient recouvertes d’un enduit peint à fond blanc et bandes rouges, caractéristique des décors des pièces annexes ou artisanales du IIIe siècle. De nombreux foyers ont été allumés dans la cour, témoignant d’une activité que les archéologues n’ont pas pu déterminer. Une pointe de lance ou d’épieu y a été retrouvée. C’est un objet utilisé plutôt pour la chasse. Une cave a été ajoutée à la maison a posteriori.