Organisation spatiale, organisation sociale

Organisation spatiale, organisation sociale

L’organisation des zones de campement à l’intérieur des deux ouvrages fortifiés successifs est apparue assez clairement aux archéologues sous la forme d’excavations, trous de poteaux et autres traces de foyer. Les modes de campement révélés par ces vestiges permettent de décrypter l’organisation sociale à l’œuvre dans le Fort Saint-Sébastien.

Des tentes et des écuries pour les cavaliers

Dans le premier ouvrage fortifié, la zone de castramétation accueille des rangées de tentes parallèles ou perpendiculaires à la fortification ainsi que d’importantes écuries, celles-ci permettant d’identifier les régiments de cavalerie. Chaque double alignement semble correspondre au campement d’une compagnie (entre 30 et 55 hommes ; chaque compagnie est divisée en escouades rassemblant entre 8 et 16 hommes, dirigés par un caporal ; ils mangent et dorment ensemble dans des tentes réglementaires de 8 places).

Vestiges de castramétation sur le site du Fort Saint-Sébastien (Yvelines). Les dispositifs de campement et les bâtiments à l’intérieur du fort étaient des structures rudimentaires à poteaux plantés, en planche, branchage ou toiles, ayant laissé pour traces des trous de poteaux et de piquets, des zones de combustion et, plus rarement, des sablières basses.

Des bâtiments plus confortables pour les officiers

Aux angles du premier fort, des cuisines en batterie permettent à chaque escouade de préparer ses repas. Au centre du camp, des celliers de stockage semblent destinés à approvisionner l’État-major placé au centre du camp (au nord, hors de l’emprise de fouille). C’est dans le même secteur que les bâtiments excavés les mieux aménagés ont été identifiés. Dotés de cheminées, ils sont mieux isolés du froid que les cahutes des soldats et accueillent certainement les officiers.

Une nouvelle organisation dans le second camp

Les zones de campement du second ouvrage fortifié sont organisées de manière distincte du premier fort. Les rangées de tentes et d’écuries sont perpendiculaires au nouveau fossé. Les puits et les latrines sont plus nombreux, mais les bâtiments excavés (fonds de cahutes ou celliers), moins fréquents. Les régiments de cavalerie semblent être les plus représentés. En revanche, à l’est du camp, les structures mises au jour pourraient plutôt appartenir à un régiment d’infanterie.

Un logement de maréchal ?

Un grand bâtiment à sablière basse doté d’un cellier pourrait révéler la présence d’une baraque d’officiers. À l’extrémité sud-est du décapage, deux autres bâtiments sont matérialisés par des caves maçonnées en meulière. Leur comblement a livré du verre à vitre, des fragments de carreaux de poêle et quelques fragments de vaisselle en porcelaine de Chine (introduite en Europe peu avant les années 1670). Ces indices signalent le logement d’un des grands officiers du camp, maréchal ou gouverneur.