Dis-moi ce que tu manges...

Dis-moi ce que tu manges…

Certains types de mobilier sont révélateurs de conditions de vie différenciées et d’accès à des ressources diverses. L’analyse de la répartition spatiale du mobilier mis au jour au Fort Saint-Sébastien permettra certainement de révéler une part de l’organisation sociale et fonctionnelle du camp, et d’identifier certaines des pratiques de distinction sociale.

Plutôt pot tripode ou plutôt verre à pied ?

Le pot à cuire à trois pieds et à couvercle est sans doute la forme céramique la plus représentée sur le site. Ces vases témoignent de l’importance d’une consommation d’aliments bouillis ou cuits en ragoût, des préparations davantage associées aux soldats. En revanche, des structures mieux aménagées livrent des céramiques fines (petits contenants en grès du Beauvaisis, plats de service de table décorés à la corne), de la vaisselle de table en verre (verres à pied colorés) et des couverts en alliage cuivreux. Ces éléments mettent en lumière des pratiques alimentaires plus raffinées et évoquent l’obligation faite aux officiers de tenir leur rang en invitant à leur table les sous-officiers de leurs compagnies.

Vases tripodes à couvercle en céramique vernissée verte (Fort Saint-Sébastien, Yvelines). Sorte de casserole du XVIIe siècle, ce type de vase servait à faire cuire la viande au bouillon.

Plutôt pot-au-feu ou plutôt côte de bœuf grillée ?

Aux côtés des plats et des pots, des restes de faune jonchaient les sols des deux camps fouillés par les archéologues. Une étude archéozoologique est en cours. Les premiers résultats indiquent que l’essentiel de la consommation carnée est fondée sur le bœuf. La part en nature de la solde d’un militaire comprend la viande et le pain, dont la quantité et la qualité diffèrent en fonction du rang. La découpe des os longs en sections standardisées signale une cuisine de type pot-au-feu, pour la troupe. Les côtes de bœuf, moins fréquentes, sont souvent associées à la vaisselle de table caractéristique des officiers. Les reliefs des repas témoignent donc de divergences dans le régime alimentaire selon le statut. Quant aux restes de poissons, ils semblent révéler un approvisionnement en poissons de conserves (morue, carrelet…), sans qu’il soit possible de savoir qui, de la troupe entière ou de quelques privilégiés, en bénéficiait.