Une archéologie des pratiques militaires

Une archéologie des pratiques militaires

Les ouvrages fortifiés de la plaine d’Achères ont été construits pour entraîner les soldats aux techniques de la poliorcétique (art de la guerre de siège). Les troupes qui s’y exercent sont celles de la Maison militaire du Roi, unités d’élite composées de gardes du corps, mousquetaires, grenadiers à cheval, gendarmes de la garde, gardes françaises et gardes écossaises.

Une période de transition

Le XVIIe siècle constitue la période par excellence de la guerre de siège, outre le fait qu’il voit les prémices de la formation d’une armée de métier. C’est, en effet, dans les années 1660 qu’une véritable administration de la guerre se met progressivement en place sous la houlette de Turenne, puis de Louvois. Tous deux s’efforcent à une rationalisation des pratiques militaires et les troupes, jusqu’alors très hétérogènes, commencent à être recrutées, entraînées, soldées et dotées d’uniformes.

La guerre de Hollande

La préparation de la guerre prend dès lors une nouvelle ampleur. Les premières décennies du règne de Louis XIV sont marquées par une politique de guerres offensives, dont la guerre de Hollande (1672-1678) représente la parfaite illustration. L’invasion de la Hollande, décidée dès 1670, se concrétise par une préparation logistique minutieuse (vivres et munitions) et le développement, par Vauban, de sa célèbre doctrine du « Pré Carré » qui assure à la France un territoire étendu privé de toute enclave étrangère.

Un entraînement stratégique

C’est dans ce cadre que sont formés aux techniques de la poliorcétique les régiments de cavalerie et d’infanterie de la Maison du Roi. Les deux ouvrages fortifiés mis au jour au Fort Saint-Sébastien répondent parfaitement à ces nécessités d’apprentissage et révèlent même deux types d’entraînement distincts. Le premier fort reproduit une place forte simple dont il faut assurer la prise ou la défense, tandis que le second ouvrage, décrivant un réseau de circonvallation, semble mieux adapté aux techniques modernes de poliorcétique telles que les illustrent les peintures des grands sièges européens du XVIIe siècle. Les troupes qui s’entraînent au Fort Saint-Sébastien partent ensuite combattre aux Provinces-Unies (Pays-Bas) sous le commandement du Maréchal de Créquy. Le siège de Maastricht en 1673 marque une victoire éclair, bien qu’il se solde par la mort du célèbre capitaine des mousquetaires du Roi Charles de Batz de Castelmore, dit d’Artagnan.

Vue panoramique de l’escarpe maçonnée d’argile crue du premier Fort Saint-Sébastien (Yvelines).