La confrontation avec les archives

La confrontation avec les archives

Contrairement aux attentes concernant un site royal, les archives écrites sont loin d’être pléthoriques. L’étude des documents littéraires, actes notariés ou autres plans a produit un discours divergent à celui de l’étude archéologique, notamment au sujet du premier fort, quasi inexistant dans les textes.

Des archives variées

L’archéologie des périodes modernes offre la possibilité de confronter aux données archéologiques des archives textuelles et planimétriques. Concernant le site du Fort Saint-Sébastien, malgré son origine royale, les sources archivistiques sont loin d’être pléthoriques, mais elles présentent une grande variété. Marchés d’approvisionnement en bois ou en viande, actes notariés et procès verbaux, règlement intérieur du fort contenus dans l’ordonnance faites aux gens de guerre, « tiroirs personnels » de Louis XIV côtoient des documents littéraires et épistolaires. Ces derniers livrent du site l’image théâtralisée d’une société de Cour très imprégnée de la culture de la guerre. Les visites du Roi au Fort Saint-Sébastien apparaissent comme des manifestations spectaculaires propres à frapper l’esprit des courtisans et des diplomates.

Un début bien attesté

Les documents les plus importants trouvés à ce jour font partie de la première catégorie d’archives évoquée. Ils permettent d’affiner la chronologie de l’évolution des ouvrages fortifiés. Les premières mentions du Fort Saint-Sébastien ne sont jamais antérieures à 1669. Néanmoins, aucun document relatif à la création ou à l’organisation du camp n’a pu, pour l’instant, être découvert. Ces mentions renverraient, selon les hypothèses fondées sur les données archéologiques, au premier ouvrage fortifié.

Un document inédit

Un document essentiel conservé aux Archives Nationales a été exhumé pour les besoins de l’enquête archéologique. Il s’agit du procès-verbal de réception des travaux de charpenterie et maçonnerie effectués dans le Fort Saint-Sébastien. Ce document de près de 600 pages correspond à la finalisation de travaux d’agrandissement et de réparation du camp en 1670. La description méthodique indique clairement qu’il s’agit du second ouvrage fortifié et non du premier.

Encore une incertitude

En décembre 1671, un marché est passé entre la Marquise de Garenne, propriétaire du terrain sur lequel est implanté le Fort Saint-Sébastien, et un groupe de paysans afin d’assurer le rebouchage des structures laissées par les militaires et d’en permettre la remise en culture. La documentation disponible après 1671 chute de manière significative. Il semblerait bien que le rebouchage signe la fin de l’occupation du camp sous la forme décrite précédemment. Néanmoins, les archives des villes d’Achères et d’Herblay continuent d’enregistrer des évènements relatifs à la vie des soldats du « camp d’Achères » après 1671. En outre, les dernières visites royales du site remontent à 1698. La plaine d’Achères aurait donc continué à servir de champ d’exercice militaire après 1671 et, potentiellement, jusqu’au tout début du XVIIIe siècle. En revanche, il paraît probable que la fréquentation soit alors épisodique, de l’ordre de quelques semaines par an. Le second ouvrage fortifié pourrait avoir été utilisé, au moins partiellement, durant cette période. Il semble bien, en tout cas, que le pic d’occupation du site corresponde à la courte période allant de 1669 à 1671.

Plan aquarellé anonyme du Fort Saint-Sébastien conservé dans les archives de la ville d’Herblay (Val d’Oise). Non daté, il a probablement été réalisé d’après souvenir, une fois le fort détruit. Il s’agit en l’occurrence du premier ouvrage fortifié. Ce plan est l’unique source permettant de documenter l’organisation du fort en dehors des données archéologiques.