L'archéologie des temps modernes

L’archéologie des temps modernes

L’abondance des documents d’archives pour les époques moderne et contemporaine a longtemps laissé penser qu’il était inutile que les archéologues s’y intéressent. Or, depuis une vingtaine d’années, l’archéologie préventive a fait resurgir des données inédites sur les siècles allant de la fin du Moyen Âge à nos jours. Elle permet d’aborder des sujets sur lesquels les archives textuelles ne livrent que des informations partielles ou partiales. 

Une conquête scientifique récente

À partir des années 1980, parallèlement à l’essor de l’archéologie médiévale, se développe une archéologie des périodes moderne et contemporaine. Dès 1983, les fouilles entreprises sous la future pyramide du Louvre mettent au jour un quartier du Paris des XVIe-XVIIe siècles comprenant des habitations ordinaires, l’atelier de Bernard Palissy et le pavillon des Gardes suisses. Depuis une vingtaine d’années, l’archéologie préventive a mis au jour des épaves de frégates corsaires, des routes de l’Ancien Régime, des manufactures, des campements napoléoniens, des fosses communes de conflits mondiaux ou encore les vestiges du pavillon soviétique de l’Exposition internationale de 1937 au Trocadéro…

Les lacunes de l’écrit

L’enquête archéologique, dont l’objet est la lecture des vestiges matériels, permet de prendre connaissance des pratiques et des processus techniques mal documentés par les sources écrites. Elle offre aussi de prendre une distance critique par rapport aux textes. Enfin, si l’archive écrite permet de dresser le tableau d’une situation, elle rend rarement compte d’une évolution diachronique, lacune que l’approche archéologique, fondée sur la stratigraphie, peut combler.

Une pratique institutionnalisée

Aujourd’hui, les travaux archéologiques consacrés aux périodes récentes se multiplient, depuis les fouilles menées autour du bastion du Pont Vieux à Nîmes en 2006-2007, jusqu’à celles réalisées sur le site de l’hôpital protestant de La Rochelle en 2010. La carte des sites archéologiques de l’Inrap montre que 14 % des chantiers de fouilles et des diagnostics accomplis concernent plus ou moins directement l’archéologie moderne ou contemporaine.