Le premier fort « à la Romaine »

Le premier fort « à la romaine »

Matérialisé par d’impressionnants fossés, le premier camp fortifié est un quadrilatère d’une surface de 32 hectares. Environ un tiers en a été fouillé. Vraisemblablement utilisé au cours d’une seule campagne d’exercice militaire, il a été rebouché dès 1670.

Inspiré de l’Antiquité

Le premier ouvrage fortifié décrit un quadrilatère de 650 mètres de long pour environ 500 mètres de large. Les quatre angles sont protégés de bastions, tandis que les entrées, orientées aux quatre points cardinaux, sont dotées de demi-lunes (fossés avancés en forme de pointe) et flanquées de redans (fortifications triangulaires). Bastions et redans accueillent l’artillerie. Le fort est directement inspiré des modèles antiques, prisés des militaires du XVIIe siècle.

Une étonnante escarpe maçonnée d’argile crue

Larges de 7 à 12 mètres et profonds de 3 mètres, les fossés composent une ligne de plus de 900 mètres. Ils étaient surmontés d’une levée de terre stabilisée au moyen de gabions (paniers d’osier remplis de terre), elle-même dotée d’une palissade de bois. L’ensemble devait représenter une élévation de 7 à 8 mètres. L’escarpe du fossé (la pente interne) est entièrement revêtue d’une remarquable maçonnerie d’argile crue. Cet étonnant aménagement n’a aucun équivalent connu.

La maçonnerie d’argile crue revêt l’escarpe du fossé.

La maçonnerie d’argile crue revêt l’escarpe du fossé sur toute sa longueur, de bas en haut. Les mottes d’argile, de section triangulaire, composent un parement destiné à éviter l’érosion et à absorber les chocs des boulets de canon.

Les tranchées d’approche

Le fort avait pour vocation de reproduire une place forte grandeur nature (mais à moindre échelle par rapport à une véritable ville fortifiée), les militaires devant s’entraîner à en faire le siège. Il a accueilli environ 9 000 hommes et 2 500 chevaux. Les exercices sont exceptionnellement représentés sur le site par des réseaux de « tranchées d’approche ». Ces fossés en zigzag surmontés, à l’origine, de talus, permettent aux soldats de porter l’assaut vers un bastion à l’abri des tirs d’enfilade des assiégés. Ce dispositif a été rationnalisé par Vauban, ingénieur militaire de Louis XIV, et utilisé lors du siège de Maastricht en 1673, pendant la guerre de Hollande.