Un territoire couvert de fermes

Dès le début du IIe siècle avant notre ère, les petits domaines agricoles, distants les uns des autres de 500 mètres environ, se multiplient sur le plateau de Saclay. Ils côtoient, en bordure sud et nord du plateau, de vastes fermes aristocratiques.

Le site de l’ENSTA – ParisTech à Palaiseau

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Évocation du site gaulois de l’ENSTA à Palaiseau.

En 2010, avant la construction du futur centre de l’École Nationale des Sciences et Techniques Avancées sur le campus de l’École Polytechnique, des fouilles, réalisées sur une emprise de près de 2 hectares, ont révélé un habitat de La Tène moyenne, autour de 250-150 avant notre ère. L’habitat gaulois était délimité par un vaste enclos fossoyé partitionné, à l’intérieur et en bordure duquel s’élevaient plusieurs bâtiments sur poteaux porteurs : maison, annexe, grenier… Au centre de l’enclos principal, une grande construction à double abside semble avoir été l’habitation du propriétaire du domaine. Des bâtiments ont également été reconnus à l’extérieur de l’enclos. L’ampleur de ces aménagements (taille de l’enclos, profondeur des fossés, nombre de constructions) suggère une demeure aristocratique.

Le protocole scientifique mis en place a permis de repérer les concentrations d'objets et de distinguer des zones pauvres, voire stériles. Une très grande quantité d'objets a été mise au jour, tout particulièrement des céramiques ayant servi au stockage, à la préparation des aliments et à leur consommation, très bien conservées et, dans certains cas, complètes. D'autres vestiges, plus épars, se rapportent également à des activités domestiques et artisanales. Fusaïoles et pesons, issus de métiers à tisser, attestent la pratique du filage et du tissage. De nombreuses meules, fragmentaires ou complètes, témoignent de la mouture et informent sur la culture céréalière. Scories, culots de forge, lingotière et battitures signalent le travail du fer et d’autres alliages au sein d'un atelier métallurgique. Enfin, de nombreux vestiges osseux renseignent sur les activités d'élevage et l'alimentation des habitants de cette ferme gauloise.

Le site de l’Orme-des-Merisiers à Saint-Aubin

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Aquarelle du site de l’Orme-des-Merisiers à Saint-Aubin à l’époque gauloise.

Implanté en rebord sud du plateau de Saclay, le site gaulois de Saint-Aubin a été fouillé avant l’aménagement du Synchrotron Soleil. Deux occupations ont été identifiées : l’une au nord et l’autre au sud. Il s’agit de fermes bâties dans des enclos matérialisés par des fossés, au milieu de champs cultivés et de pâturages. Une quinzaine de bâtiments sont associés à ces structures fossoyées, dont la morphologie a évolué à trois reprises au cours de la période d’occupation, entre la fin du IIe siècle avant notre ère et la période augustéenne (27 avant notre ère). Beaucoup d’objets domestiques ont été découverts dans les fossés, ainsi qu’un dépôt énigmatique de crânes d’animaux (quatre chevaux et quatre bœufs).

Le site des Grands Bilhaus, à Palaiseau

Au nord-est de l’École Polytechnique, l’aménagement du quartier Camille-Claudel a entraîné la découverte, en 2014, d’un habitat rural gaulois atypique sur le site des Grands Bilhaus. Occupé à partir de la seconde moitié du IIIe siècle avant notre ère, il se caractérise par une série de fossés parallèles, régulièrement espacés d’une cinquantaine de mètres. Un fossé transversal délimite un espace à l’intérieur duquel des trous de poteaux témoignent d’une dizaine de bâtiments en bois, de différents modules. Ce mode d'occupation et de mise en valeur de l'espace rural diffère des formes d'habitat, généralement délimitées par des enclos, qui ont été reconnues jusqu'ici sur le secteur.

Les objets de la vie quotidienne et les traces d'activité des populations de l'âge du Fer qui ont vécu dans ces constructions ont été rejetés dans les fosses adjacentes, les fossés périphériques ou encore les trous de poteaux eux-mêmes. Un probable incendie a permis la conservation du torchis qui recouvrait les parois des maisons. La découverte de ce type d'habitat à vocation agricole témoigne de la diversité des modes d'organisation et de la mise en valeur de l'espace rural à la période gauloise. Sa présence en périphérie de grands domaines agro-pastoraux au statut privilégié qui structurent le plateau de Saclay, pose la question des relations fonctionnelles et hiérarchiques entre ces entités.

Le site des Trois Mares à Palaiseau

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Vue du site des Trois Mares à Palaiseau.

Étudié en trois temps, en 2001, en 2012 et en 2013/2014 par l’Inrap, le site « Les Trois Mares », à Palaiseau, est le plus important des sites mis au jour sur le plateau de Saclay au cours de ces dix dernières années. Son extension est estimée à près de 10 hectares. L’occupation gauloise, principalement datée des IIe-Ier siècles avant notre ère (La Tène finale), est identifiée grâce à la présence d’un vaste système de fossés et de nombreuses structures en creux : puits, fosses et trous de poteaux. Les fossés en « V » atteignent parfois plus de 2,50 m de largeur et des profondeurs jusqu’à 2 m. Leur comblement a livré un mobilier abondant et varié, constitué de nombreux éléments lithiques, ossements d’animaux, métalliques et céramiques de la fin de la période gauloise et du début de la période antique. Des amphores italiques témoignent d’importation de vin et d’échanges à longues distances. Les archéologues ont également identifié les vestiges de près d’une trentaine de bâtiments sur charpente de bois, évoquant la présence d’habitations, d’aires de stockage, d’annexes et d’ateliers. Le site semble particulièrement bien normé dans son organisation spatiale et au regard de l’orientation des bâtiments. Les espaces, qui paraissent avoir une fonction propre, sont scindés par des réseaux fossoyés de faible ampleur ou par des palissades. Les cinq puits mis au jour confirment également une organisation de l’espace très structurée.

Les nombreux vestiges mobiliers témoignent d’activités domestiques, agro-pastorales et artisanales.