Les étapes de l’archéologie préventive

La mise en œuvre de l’archéologie préventive est définie par les lois du 17 janvier 2001 et du 1er août 2003. Ces textes visent à « assurer cet équilibre fragile qui permet d’aménager le présent et l’avenir, sans pour autant effacer le passé », selon les mots de Jean-Paul Demoule, premier président de l’Inrap.

L’archéologie préventive étudie les territoires et les sociétés passées à travers les innombrables « documents » conservés par le sol, depuis les premières traces de présence humaine au Paléolithique jusqu’à nos jours. Au-delà des trésors et des monuments remarquables, cette discipline cherche à comprendre la vie quotidienne, la gestion de l’espace, l’évolution de l’environnement...

Reconnaître les sites

La première tâche des archéologues consiste à reconnaître les sites disparus. Ils peuvent s’appuyer, pour les périodes historiques, sur les archives (cartes et textes), recourir à la photographie aérienne qui permet de repérer des « anomalies » du sous-sol, procéder à des prospections pédestres pour observer en surface la présence de sites enfouis et collecter du mobilier, ou encore organiser des prospections géophysiques (électriques ou magnétiques, manuelles ou tractées) pour avoir une image du sous-sol.

Mais, la plupart du temps, les sites ne sont pas connus à l’avance. Moins du dixième des sites potentiels de la France est actuellement répertorié. Pour tout aménagement il existe donc un risque de détruire un site du passé. C’est pourquoi il convient de vérifier, en amont des travaux, la présence de vestiges grâce à un diagnostic archéologique.

Diagnostiquer

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Diagnostic de l’École Polytechnique à Palaiseau. Des tranchées régulièrement espacées sont ouvertes sur le terrain à la pelle mécanique.

Réalisé le plus souvent à la pelle mécanique, un diagnostic archéologique consiste en tranchées régulièrement espacées, qui permettent de sonder en moyenne 10 % du terrain. Les archéologues suivent la pelle mécanique et s’assurent de la présence ou non de vestiges. Le diagnostic permet de caractériser le site – s’agit-il d’un habitat, d’un atelier, d’une nécropole ? – de le dater, d’en estimer la profondeur et la conservation des vestiges.

Les dossiers de diagnostic sont instruits par le Service régional de l’Archéologie, prescrits par le préfet de région et mis en oeuvre par l’Inrap ou les services archéologiques agréés de collectivités territoriales. L’Inrap réalise chaque année 2 000 diagnostics, soit une surface totale d’environ 10 000 hectares.

Fouiller

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Les archéologues procèdent à la fouille d’un puits d’époque romaine sur le site des Trois Mares, à Palaiseau.

Un diagnostic positif peut donner lieu à la prescription, par le préfet de région, d’une fouille archéologique, dont le but est de sauvegarder par l’étude les données que recèle un site. Les murs, fosses, mosaïques, céramiques, pollens, graines, bois ou sépultures sont enregistrés, prélevés, puis analysés. Une fois fouillé, le site est restitué à l’aménageur et les travaux de construction peuvent démarrer. Exceptionnellement, les vestiges sont conservés sur place et le projet d’aménagement modifié. Les fouilles sont conduites par l’Inrap ou par des opérateurs agréés, publics ou privés. Le coût d’une fouille est à la charge de l’aménageur. 

Étudier et restituer

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Un archéologue effectue le relevé d’un bâtiment gallo-romain sur le site des Trois Mares, à Palaiseau.

L’exploitation et l’interprétation des données recueillies en fouille sont un travail collectif associant de nombreux experts : archéologues, céramologues, anthropologues, palynologues, archéozoologues, numismates... Un rapport d’opération conserve la mémoire du site. Les résultats de la fouille enrichissent un ensemble d’informations archéologiques collectées depuis le XIXe siècle. Après la remise du rapport, de nombreux archéologues participent à des équipes de recherche qui exploitent ces données et font progresser la connaissance des sociétés et des territoires à travers le temps. Ces études donnent lieu à des publications scientifiques et grand public.