De l'individu aux populations
Un ensemble de squelettes reflète un échantillon de la population vivante, pour une époque et dans un lieu donné. Afin d'exploiter les données de ces ossements, il faut faire un premier classement en distinguant hommes et femmes, enfants, adolescents, adultes, vieillards.
La démographie des populations anciennes
Il est impossible de déterminer le sexe des individus jeunes, mais une fois que les os du bassin - bien conservés- se sont soudés, la distinction homme-femme peut être faite.
L'âge biologique d'un défunt peut être estimé en observant la croissance et la maturation des os, ainsi que celle les dents. Il arrive que cet âge biologique, déduit du développement du squelette, soit différent de l'âge chronologique (c'est à dire du nombre des années vécues). Des conditions de vie dures, une espérance de vie réduite, les grossesses précoces et répétées etc. peuvent accélérer de façon spectaculaire le vieillissement du corps.
À la naissance, le squelette d'un nourrisson est principalement constitué de cartilage, peu à peu remplacé par de l'os. Fragile, mou, il a moins de chances de se conserver en entier. Il arrive cependant de retrouver des squelettes de très jeunes enfants, notamment lors de fouilles d'habitats gallo-romains, dans des coffres faits de tuiles.
Au cours de la croissance, les os se soudent dans un ordre et à un rythme connu. Les dents sont aussi de très bons marqueurs d’âge pour les mêmes raisons.
De l’individu aux populations
Charnier de la peste de 1720, fouille de l'esplanade de la Major à Marseille.
© Denis Gliksman, Inrap
L'étude de chaque individu finit par donner une image globale d'une population. Ainsi dans le site de l'église Saint-Laurent à Grenoble, la répartition hommes/femmes dans les zones funéraires évolue. Les femmes et les enfants étaient enterrés en grand nombre au sein de l’église jusqu’au IXe s. où l’on ne retrouve alors plus que des squelettes d’hommes. En effet lorsque les moines en deviennent propriétaires, ils relèguent tous les paroissiens dans le cimetière extérieur, et se réservent le privilège d’être enterrés dans l’édifice. Dans d’autres cas, on peut réussir à faire le lien entre un nombre élevé de décès de jeunes hommes et un conflit comme la Guerre de Cent ans par exemple, ou entre de grandes fosses communes et des périodes d’épidémies.