La vie souterraine d’un squelette

Cette connaissance permet de distinguer ce qui relève, par exemple, de la décomposition naturelle d'un corps, de ce qui concerne des interventions post mortem, volontaires ou non.
L'observation fine des vestiges d'une tombe est essentielle dans ce domaine. Il est possible de détecter par exemple des épisodes d'inondations qui ont pu bouleverser les sépultures, ou bien l'action de petits rongeurs ; tous les phénomènes ayant pu conduire au déplacement des ossements sont recherchés.

Sur tous les chantiers, les archéologues peuvent être amenés à fouiller des sépultures contenant plusieurs squelettes. A première vue, la tombe, que ce soit une allée couverte néolithique ou une fosse commune moderne, semble un enchevêtrement inextricable d'os. Mais en analysant de très près la position de chacun d'eux, le processus ayant mené à cet état peut être retracé. A des millénaires de distance, l'archéologue retrouve ainsi des gestes funéraires : soit les corps ont été déposés au fil des décès, chaque cadavre s'étant plus ou moins décomposé avant le nouvel arrivant. Dans ce cas, les os des précédents défunts sont volontairement déplacés de façon plus ou moins évidente, parfois juste repoussés, groupés dans un coin, parfois classés (os longs, côtes etc.).

Soit, dans le cas de sépultures d'urgence, lors d'épidémie ou de guerre, plusieurs corps sont déposés simultanément et se décomposent en même temps. Cela se "lit" dans la façon dont les os se superposent, sont connectés entre eux, se placent les uns par rapport aux autres. Et pour qui sait le voir, la différence est claire. Selon les conclusions taphonomiques, l'interprétation de la sépulture sera complètement différente.