Sornettes

Idée reçue

« Les livres étaient des manuscrits ornés d’enluminures »

Qui peut rester indifférent devant le somptueux Livre de Kells irlandais du IXe siècle, aux feuilles de vélin couvertes de lettre majuscules et d’ornements entrelacés, devant le Coran bleu de Kairouan du Xe siècle, à la belle calligraphie coufique tracée à l’encre d’or sur un parchemin indigo, ou encore devant la Haggadah de Pâques richement illustrée de Catalogne du XIVe siècle ? Œuvres de moines et de scribes, ces objets d’art ne sont qu’un des aspects de la production de livres au Moyen Âge.

Alors que durant l’Antiquité, on écrivait souvent sur du papyrus, dont les feuilles assemblées formaient des rouleaux, le livre médiéval est copié à la main sur de la peau d’animal (parchemin) ; il est composé de feuillets cousus ensemble. Le livre permet une vision aisée de l’organisation du texte en chapitres et paragraphes, dont les premières lettres, de grande taille, sont cernées de couleur et parfois agrémentées de dessins. Dans les marges s’ajoutent des enluminures, c’est-à-dire des décors de fleurs, d’animaux, ou des scènes de la vie humaine.

À côté de ces ouvrages luxueux, une multitude d’écrits de moindre valeur (calendriers, almanachs, guides pratiques, codes légaux…), souvent éphémères, a assuré la transmission des idées dans le monde médiéval. Les étudiants des premières universités copient pour eux-mêmes des livres bon marché, dont ils empruntent feuillet après feuillet à un libraire de la ville. Des manuscrits de qualité variable font connaître les œuvres de l’Antiquité, la poésie de cour, les chansons de geste, les manuels de chasse à courre ou de jeu d’échecs. L’essor des villes vers 1100 entraîne la production des livres de métiers (artisans, usuriers, chirurgiens, apothicaires…).

À partir du XIIIe siècle, l’utilisation du papier, désormais fabriqué en Europe, fait concurrence au parchemin. Enfin à l’extrême fin du Moyen Âge, l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles permet d’éditer les livres à de nombreux exemplaires et de les diffuser largement.