Sornettes

Idée reçue

« Les Vikings étaient des géants blonds sanguinaires »

Il faut bien dire que les expéditions des Vikings, dès la fin du VIIIe siècle, n’avaient rien d’amical. Témoins directs de leur violence, la plupart des historiens du Moyen Âge les présentent comme de féroces barbares, vénérant des dieux cruels, assassinant moines et paysans sans défense pour s’emparer de leurs biens. 

Vers l’an mil, certains chefs vikings établissent des principautés en Russie, au Royaume-Uni ou en Normandie. D’autres s’installent en Islande, au Groenland et jusqu’en Amérique du Nord (site de l’Anse-aux-Meadows) cinq siècles avant Christophe Colomb ! Leur expansion se prolonge jusqu’à la fin de XIe siècle en Méditerranée et à Byzance (actuelle Istanbul). 

Par la suite chaque époque, en fonction de ses préoccupations, a retenu d’eux un aspect particulier. Le XIXe siècle wagnérien, romantique et nationaliste, fait du Viking une sorte de héros mythologique incarnant les hautes vertus prêtées aux anciens peuples nordiques. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, une division SS baptisée « Viking » symbolise ainsi la soi-disant supériorité germanique. Puis, à la fin du XXe siècle, alors que la mondialisation de l’économie occupe tous les esprits, le Viking est avant tout regardé comme un expert du négoce international. 

En se fondant sur des vestiges concrets tels qu’objets, traces de constructions, épaves, l’archéologie propose aujourd’hui un portrait plus nuancé. Elle montre que les Vikings se sont adaptés de diverses manières aux conditions qu’ils ont rencontrées. S’ils ont pratiqué le pillage, le chantage et le commerce, y compris celui des êtres humains, ils ont aussi marqué de façon plus pacifique la culture, la langue et les techniques, particulièrement dans le domaine de la navigation. Par tous les moyens possibles et à travers une multitude d’entreprises, individuelles ou collectives, ils ont contribué à relier entre eux des peuples et des espaces géographiques jusqu’alors séparés.