Sornettes

Idée reçue

« Les enfants étaient mal aimés »

La mortalité infantile était écrasante au Moyen Âge. Elle représentait pour les familles un phénomène terriblement récurrent : un nouveau-né sur quatre décédait dans sa première année et à peine plus d'un sur deux atteignait l'âge de dix ans. À cela pluseiurs raisons peuvent être invoquées.

D’une part, la vaccination n’est apparue qu’au XVIIIe siècle. Au Moyen Âge, donc, sitôt qu’ils n’étaient plus protégés par l’allaitement maternel, les enfants étaient exposés à une succession de maladies infantiles éprouvantes et d’épidémies. D’autre part, la nourriture des foyers modestes était souvent insuffisante, en quantité et en diversité. Lorsque les récoltes avaient été mauvaises, les famines s’abattaient et tuaient les moins résistants.
Carencés, sous-alimentés, de nombreux enfants se confrontaient de plus aux risques liés à un travail précoce : notamment dans les champs, le labeur était physiquement très dur et les accidents fréquents.

Peut-on pour autant affirmer que, pour les parents, la mort d’un enfant importait peu, qu’ils le remplaçaient d’ailleurs très vite par un autre, ce que tendrait à prouver le fort taux de natalité ? L’archéologie funéraire a pu observer des signes de malnutrition, comme le rachitisme, sur les squelettes de jeunes enfants inhumés. Mais elle a également constaté le soin apporté aux sépultures des tout-petits, le souci d’enterrer ensemble les frères et sœurs emportés par une même maladie contagieuse, et parfois même les femmes mortes en couche avec leurs nouveau-nés. Toutes ces attentions ne vont pas dans le sens d'un désintérêt éventuel des parents médiévaux vis-à-vis de leurs enfants prématurément décédés.

C’est sans doute aussi sous la pression des parents que les autorités religieuses ont inventé les limbes au XIIe siècle. Cette sorte de no man’s land de la vie éternelle formait un espace intermédiaire entre le paradis, inaccessible aux enfants morts avant d’avoir été baptisés, et les flammes de l’enfer, auxquelles ils étaient jusque-là injustement condamnés.