Balivernes

Idée reçue

« Les serfs étaient des paysans esclaves »

Les légendes, les romans et les films ont popularisé une image assez fantaisiste de la paysannerie médiévale, censée avoir occupé une place peu enviable dans la société. En fait la condition réelle des paysans évolue au cours du Moyen Âge en fonction des rapports qu’ils entretiennent avec leurs seigneurs. Selon les époques et les régions, ils peuvent avoir des statuts parfois très différents.

Certains (aux alentours de 10 %), sans être des esclaves tels qu’en a connu l’Antiquité, jouissent d’une liberté très restreinte. Ils dépendent d’un maître, à qui ils doivent taxes et corvées, et sont attachés à un lopin de terre qu’ils cultivent pour lui ; ils ne peuvent se marier ni transmettre leurs biens sans sa permission. Ce sont les serfs. Le servage se répand vers l’an mille, alors que le système féodal installe une nouvelle hiérarchie sociale.

Dans leur grande majorité, les paysans sont libres, mais avec des niveaux de richesse très variés. On les appelle les « vilains » ou les « manants ». Les plus pauvres, sans terre, doivent louer leurs bras pour gagner leur vie, tandis que les plus riches vivent parfois comme de petits seigneurs dans des résidences imposantes. Des fouilles archéologiques récentes comme celles d’une motte castrale (tour fortifiée) à Chasné-sur-Illet (Ille-et-Vilaine) ou d’une maison forte (grosse ferme entourée de fossés) à Roissy-en-France (Val-d’Oise) ont montré l’enrichissement de certains paysans : structures de stockage importantes, confort de l’habitation, présence d’objets en céramique décorée.

Les XIe, XIIe et XIIIe siècles sont une période de croissance démographique marquée par la mise en culture de nouveaux espaces et l’accroissement des villes. Ils sont plus favorables aux paysans, qui obtiennent des avantages en échange de leur travail. La plupart des serfs sont alors affranchis. À la fin du Moyen Âge, les paysans sont le plus souvent locataires ou fermiers, ces derniers payant une redevance (fermage) pour l’exploitation de terres.