À l’occasion de l’aménagement d’une résidence de logements sociaux rue de Beaucaire, l’Inrap a mis au jour les aménagements bordiers de la voie Domitienne ainsi qu’une seconde voie. Leurs abords témoignent d’implantations funéraires (tombes et bûchers) qui s’échelonnent entre les IIe-Ier siècle avant J.-C. et le courant du IIe siècle après J.-C. Un site à découvrir à l'occasion d'une porte ouverte ce 13 avril.

Dernière modification
09 avril 2024

Deux importantes voies romaines

La voie Domitienne constituait à l'époque romaine l'une des principales voies d'accès à Nîmes. À l'est de la ville, son tracé d’axe est/ouest est pérennisé par l'actuelle rue de Beaucaire et pénétrait dans l'agglomération par la porte d'Auguste. Alors qu’elle demeure masquée par la voirie contemporaine, la fouille en cours a permis de mettre au jour quelques aménagements bordiers de cette voie, comme un grand fossé remplacé au fil du temps par un mur.

Beaucaire 1

Vue de la fouille au nord de l’actuelle rue de Beaucaire, qui reprend le tracé de l’antique voie Domitienne.

© A. Farge, Inrap

Une deuxième et importante voie a été découverte. D’axe nord-est/sud-ouest, elle suit une orientation différente de la via Domitia. Large de 15 m, elle est constituée de chaussées empierrées successives. À leur surface, la circulation intense a émoussé les pierres. L’usure et l’entretien y sont représentés par des ornières et des recharges ponctuelles. Son statut demeure incertain, mais son origine remonte à l’époque tardo-républicaine comme la voie Domitienne. En effet, la voirie la plus ancienne est datée des IIe-Ier siècle avant J.-C. comme en attestent de nombreux fragments de céramiques et d’amphores écrasés à plat. Les chaussées les plus récentes ont pu être mises en place dans le courant du Ier siècle après J.-C. ou au plus tard dans les premières décennies du IIe siècle.
 

Beaucaire 2

Vue de la voie dont une portion a été mise au jour sur le fouille. Elle est constituée de plusieurs chaussées empierrées successives.

© S. Pancin, R. Martin et B. Thomas, Inrap


 

Des espaces funéraires en bord de voies

Les vestiges découverts entre ces deux voies et au nord de la seconde témoignent de la vocation funéraire de ce secteur péri-urbain dans l’Antiquité et du caractère attractif de ces deux axes de circulation. Plusieurs espaces funéraires ainsi que des enclos maçonnés ont été mis au jour. Leur occupation varie de quelques dépôts funéraires à plus d’une quinzaine.

La pratique de la crémation est majoritaire. Elle est réalisée sur des bûchers dont plusieurs exemplaires, ont été mis au jour. Trois sont construits avec des moellons de calcaire ou des pilettes en terre cuite. Les autres sont creusés dans le sol. Après la crémation, les ossements brûlés sont recueillis, puis déposés dans une tombe. Celle-ci peut être aménagée directement dans le bûcher ou dans un petit creusement annexe. Les ossements y sont placés dans un vase ou dispersés sur le fond du creusement. Ils sont souvent accompagnés d’objets personnels ayant pu appartenir au défunt. Deux paires de strigiles ont ainsi été découverts dans une des structures funéraires fouillées. Des vases en verre et en céramique ainsi que des lampes sont également déposés dans les tombes, témoignant de l’importance des rites et du banquet funéraire. Quelques tombes à inhumation sont également représentées.

Un puits a également été mis en évidence au sein d’un des espaces. Sa margelle a été démontée, il n’en reste que quelques débris, mais son conduit circulaire demeure creusé dans le rocher. Aujourd’hui comblé et masqué sous les constructions modernes, sa fouille permettra peut-être de collecter les débris provenant du démantèlement des tombes et des monuments funéraires qui l’environnaient.

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Visites guidées du chantier de fouille archéologique situé rue de Beaucaire à Nîmes, samedi 13 avril de 10h à 12h30 et de 14h à 17h

Aménagement : Habitat du Gard
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Direction régionale des affaires culturelles d’Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Marie Rochette, Inrap